Circulation alternée « préventive »: un rapport coût/efficacité très défavorable.

Si les effets négatifs de la pollution atmosphérique résultant de la circulation, notamment en milieu urbain, ne sont plus à démontrer, la circulation alternée, par son caractère ponctuel et facilement contournable, est une solution qui offre un rapport coût/efficacité exorbitant.
Pourtant, des solutions pérennes et rentables existent et pourraient remplacer avantageusement la circulation alternée.
La vraie question, pourquoi ne sont-elles pas mises en place ?
La circulation alternée passe au mode préventif
Dans son intervention de ce jour sur France 2, Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, annonce que, dès l’annonce d’un épisode de pollution, la circulation alternée pourra être mise en place.
Si cette mesure permet d’agir avant la constatation de la formation d’un pic de pollution, ce qui est assurément plus judicieux que d’attendre que la pollution soit installée pour agir, ce choix soulève cependant de multiples questions.
Les questions techniques qui restent à résoudre
La mesure proposée s’appuie sur l’anticipation de l’épisode de pollution et donc, sur une analyse prévisionnelle de l’évolution de la pollution à venir, de son intensité et de sa durée.
Plusieurs difficultés sont à soulever comme, notamment : quels outils et quels indicateurs seront utilisés ? Quelle sera l’étendue de la zone analysée et sur quels critères sera-t-elle définie ? Quel niveau de précision retiendra-t-on ?
Pour se convaincre de l’importance de ces questions, il suffit de regarder les prévisions météorologiques.
Le niveau de précision des prévisions météorologiques, même à 24 heures, est, vous l’avez constaté, loin d’atteindre les 100%.
Or, les effets de la météo représentent un facteur important d’évolution de la pollution.
En effet, des vents forts baisseront le niveau de la pollution en son point d’émission en diluant rapidement les composants toxiques dans l’atmosphère. En revanche, des vents faibles fixeront durablement la pollution émise au niveau de son point d’émission.
Le niveau de précision de la prévision de l’évolution de la pollution est essentiel car, il conditionnera le déclenchement ou non, de la mise en place de la circulation alternée.
C’est une difficulté nouvelle par rapport à la situation antérieure qui constatait simplement le niveau de pollution atteint et, évitant ainsi cet obstacle.
Une mise en pratique difficile
La mise en pratique de la circulation alternée « préventive » est pour le moins difficile en raison du délai s’écoulant entre l’annonce de la mise en place du dispositif et sa prise d’effet.
Si le délai est trop court, inférieur à 12h -15h, il ne permettra pas aux personnes utilisant un véhicule soumis à la restriction de circulation, de rentrer chez elle et/ou d’atteindre un lieu de destination leur permettant d’attendre la fin de l’alerte ou le changement de l’alternance les autorisant à utiliser à nouveau leur véhicule.
Si le délai est trop long, la circulation alternée « préventive » ne revient, ni plus ni moins, qu’à la situation antérieure c’est-à-dire, à la mise en place d’une circulation alternée après constatation des seuils de pollution atteints. Où est le progrès ?
Enfin, par le même souci de précaution qu’applique l’Etat, les foyers disposant de plusieurs véhicules veilleront à choisir opportunément leurs plaques minéralogiques afin d’éviter d’avoir à subir les contraintes de la circulation alternée.
La circulation alternée constitue, de ce fait, un facteur patent d’inégalité sociale.
Un poids économique très lourd
Enfin, penchons-nous maintenant sur le poids économique d’une telle mesure.
Certes, la santé n’a pas de prix cependant, elle ne peut pas être non plus hors de prix comme nous le montrent chaque jour, les baisses constantes des frais pris en charge par la sécurité sociale.
La restriction de circulation perturbe l’organisation du travail.
Si, quand la mise en place d’une restriction de circulation est prévue suffisamment à l’avance, de nombreuses personnes peuvent recourir à leurs jours de congés résultant de la réduction du temps de travail (RTT).
Qu’en sera-t-il si la restriction est annoncée dans un délai trop court ?
La réponse est simple.
Retards, désorganisation du travail, livraisons impossibles et donc chômage technique supporté par la collectivité et … coûts supplémentaires pour les entreprises et la collectivité.
Conclusion
- La pollution n’est pas une fatalité.
- L’utilisation de la voiture pour se déplacer est un mal nécessaire. Vouloir l’éradiquer est une utopie.
- Des solutions pérennes et rentables existent. Elles consistent à faciliter au maximum l’écoulement de la circulation et le stationnement de proximité au lieu de multiplier les restrictions de toutes natures (stationnement de plus en plus cher, réduction des voies de circulation, etc.) notamment, dans les centres urbains où les vents, plus faibles en raison de l’effet de masquage des immeubles, sont moins efficaces pour empêcher la stagnation de la pollution atmosphérique au niveau de son point d’émission
- Les embouteillages ne sont plus tolérables et peuvent être facilement gérés par la mise en place d’un péage urbain parallèlement à l’élargissement de l’offre de transport par le biais, notamment du covoiturage multipoints.
- Le temps et la santé sont les biens les plus précieux de l’Homme et ne doivent, sous aucun prétexte, être gâchés inutilement.