Le péage positif : une mesure qui heurte le bon sens

L’argent public doit-il servir à indemniser des automobilistes qui, bien que sans contrainte horaire stricte et sachant qu’ils rencontreront de nombreux embouteillages sur leur route s’ils partent à une heure de grande affluence, ne décalent pas naturellement le moment de leur déplacement ?
C’est pourtant le principe même du péage positif !
En informant les automobilistes de l’état prévisionnel de la densité de trafic sur le réseau routier, Bison Futé a permis aux automobilistes de mieux étaler leur départ lors des grandes migrations.
Par des embouteillages moins nombreux et plus rapidement résorbés, Bison Futé a montré l’efficacité d’étaler la demande de trafic sur une plage horaire plus large.
Le péage positif : principe
Les embouteillages se multipliant aux abords et à l’intérieur des grands centres urbains, la lutte contre les effets néfastes des embouteillages sur l’économie et l’environnement est devenue une priorité pour l’Etat et les collectivités territoriales.
Pour mieux répartir la demande de trafic, certains ont pensé qu’il convenait de proposer un avantage économique aux automobilistes qui acceptent de reporter le moment de leur déplacement.
C’est le principe du péage positif ou péage inversé.
Il consiste à rémunérer les personnes qui, aux heures de pointe, reporteront leur déplacement afin de diminuer la demande de trafic.
Le péage positif : de nombreuses limites conceptuelles
Le concept de péage positif cible une population très limitée puisqu’il ne s’adresse qu’aux personnes capables de décaler, significativement, l’heure de leurs déplacements c’est-à-dire, celles qui ne sont pas soumises à des contraintes particulières strictes quant à leur heure d’arrivée à leur point de destination, principalement leur lieu de travail ; les embouteillages étant principalement le fait des « navetteurs ».
Or la contribution de la population visée aux embouteillages est très faible.
De surcroît, décaler de plusieurs heures un déplacement, lorsqu’on le peut, en sachant que dans le cas contraire, le temps sera perdu dans les embouteillages, est-ce un comportement qu’il faudrait rémunérer pour aider les automobilistes à retrouver du bon sens ?
Enfin, le montant proposé (de l’ordre de deux euros) constitue-t-il un incitatif suffisamment puissant pour faire changer les habitudes de la population visée ?
Une référence inappropriée
Les expériences menées dans les villes d’Amsterdam et de Rotterdam sont souvent citées comme un exemple de réussite du péage positif.
Cependant, la structure de l’économie néerlandaise, la taille de ses villes, l’importance du secteur tertiaire et la part du télétravail, sont bien différentes de celles des centres urbains français.
Aussi, les comparaisons inappropriées, parce que partielles, ne peuvent conduire qu’à des échecs coûteux.
En conclusion
Les embouteillages résultent de l’obligation pour les salariées de prendre leur véhicule personnel pour aller travailler en raison de l’éloignement de plus en plus grand des lieux de travail et des lieux de résidence et de l’impossibilité structurelle des transports en commun de répondre aux besoins de tous par leur maillage insuffisant du territoire, leur fréquence et leurs horaires limités et surtout, le fort sentiment d’insécurité ressenti par les usagers.
Inadapté aux villes françaises, à leur taille, à leur économie et aux habitudes de vie de ses habitants, le péage positif sera coûteux pour la collectivité, sans pour autant avoir le moindre effet sur la congestion du réseau routier.
La seule solution est l’augmentation du taux moyen d’occupation des véhicules.
GOVOIT s’impose ainsi comme LA solution immédiatement opérationnelle et financièrement équilibrée pour diminuer rapidement les embouteillages.